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Société
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Lundi blues

Le 3ème lundi de l'année est le plus déprimant de tous. Où comment une simple campagne de com est devenue une "info" au fil du temps.

Faux Faux
01/12/2005 Par hoaxbuster
Pertinence
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Une nouvelle année commence, et avec elle vient son lot de rumeurs. Et chaque année qui passe, les sites marchands ne manquent pas de rappeler que le jour le plus déprimant est le 3ème lundi du mois de janvier !


 

Les journalistes les imiteront-ils, comme ils l'ont fait les autres années (notamment en 2015 ou 2016 )? Peut-être pas, mais il n'est quand même pas mauvais de rappeler qu'il n'existe aucune étude sérieuse permettant d'affirmer que le troisième lundi de janvier est le jour le plus déprimant de l'année.

 

En cherchant bien, il existe une une étude qui montre qu'au Japon les hommes se suicident plus fréquemment les lundis travaillés (Acta medica Okayama d'octobre 2009), mais ce phénomène est loin d'être universel : ainsi, une autre étude constate qu'aux Etats-Unis les jeunes Afro-américains se tuent plus fréquemment le jeudi (Public Health Reports de mai-juin 1992). En France, l'Observatoire National du Suicide indique dans un rapport de février 2016 que les appels à Agri'écoute sont plus nombreux le lundi et le mercredi, ce qui laisse supposer que les agriculteurs dépriment plus souvent ces deux jours-là. Et il existe également une étude qui montre qu'en Suisse, contrairement à une idée reçue, il y a moins de suicides durant les fêtes de Noël, mais qu'ils repartent fortement à la hausse chez les hommes début janvier (Psychiatry research de janvier 2008).

 

En revanche, une personne a affirmé que le troisième lundi de janvier était le pire jour de l'année (à savoir Cliff Arnall dans un communiqué de presse de décembre 2005). Seulement, voilà, il n'a jamais publié ses "conclusions" dans aucune revue scientifique... et pour cause.

 

Certes, il a bien exhibé la formule mathématique qui lui aurait permis d'arriver à ce résultat (à savoir J = (C + D - S) x T / (M + A) où J représente le niveau de déprime attaché à un jour pour une personne, C le climat de ce jour, D les dettes de la personne, S son salaire mensuel, T le temps écoulé depuis Noël, M le niveau de motivation de la personne et A son besoin d'action), mais sans préciser quelles unités elle employait ou dans quel modèle explicatif elle s'inscrivait, et surtout sans avoir fourni la moindre observation statistique à l'appui de ses dires (normalement, en sciences, on observe d'abord et on modélise ensuite, pas l'inverse).

 

Problème, un chroniqueur scientifique du Guardian, a révélé dès fin 2006 dans une chronique au vitriol que Cliff Arnall avait été grassement payé par une compagnie de voyages pour donner sa caution "scientifique" à leur campagne de promotion sur le thème du "Blue Monday". Ce que l'intéressé a lui-même admis (voir par exemple cet article du Telegraph de janvier 2010).

 

Le lundi 15 janvier 2018 ne sera donc pas plus déprimant qu'un autre - au final, les seuls qui pourraient vraiment avoir le blues devraient être les journalistes qui reproduiront cette affirmation sans l'avoir vérifiée.

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hoaxbuster
Rédacteur Hoax
mots-clés : Société - Désinformation
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