Spasfon vs Phloroglucinol
A l'heure où le gouvernement lance une campagne pour la promotion des médicaments génériques, un vieux diaporama ressort pour essayer de nous démontrer que c'est une arnaque, en prenant l'exemple du Spasfon.
Qu'on se le dise : le médicament générique serait une vaste arnaque ! Un diaporama prétend nous en fournir la preuve en comparant un princeps, le Spasfon, à son générique, le Phloroglucinol : le premier est vendu 2,81 € la boite de 30 alors que le second est vendu 2,13 € la boite de... seulement 10, ce qui nous met les 30 à 6,39 €. Et qui c'est qui paye la différence ?
Certes, Big Pharma ne fait pas dans la philanthropie, et ses bénéfices sont très confortables. Re-certes, les épiciers assermentés sont plus portés à vénérer Mercure qu'Esculape, et le serment de Galien est surtout là pour le décorum, mais de là à penser que les mercantiles de tous poils s'en mettraient plein les poches sur le dos de notre bonne vieille Sécu en toute impunité (voire avec l'assentiment de nos gouvernants) la couleuvre (d'Esculape justement) n'est-elle pas un peu grosse à avaler ?
Le Spasfon est un antispasmodique contenant du Phloroglucinol à 62,2mg associé à du Trimétylphloroglucinol. Le Phloroglucinol générique dont parle ce diaporama est lui aussi un antispasmodique, mais il ne contient qu'une seule molécule dosée à 80mg, or un générique doit contenir la même molécule active et au même dosage que le princeps qu'il remplace. De fait, le Phloroglucinol 80mg n'est pas le générique du Spasfon, mais celui du Spasfon-Lyoc vendu comme le générique cité en exemple par boite de 10 et, maintenant, au même prix...
L'auteur anonyme du diaporama compare donc deux médicaments qui, bien qu'appartenant à la même classe, n'ont strictement rien à voir.
Comme il s'agit de deux médicaments différents, un pharmacien n'a pas le droit de remplacer du Spasfon par du Spasfon-Lyoc ou son générique. Il y a donc trois solutions pour le récit du diaporama :
- le médicament prescrit était du Spasfon-Lyoc, plus cher que le générique à l'époque, et donc substitué à raison par le pharmacien ;
- la personne qui a délivré le médicament était suffisament incompétente pour confondre deux médicaments différents (ou suffisament malhonnête pour augmenter indûment son chiffre d'affaires) ;
- l'histoire n'est qu'une fable inventée de toutes pièces par un opposant aux médicaments génériques qui veut convaincre à tous prix ses concitoyens que non, vraiment, le générique, c'est pô bien, et pour ça, quoi de mieux que deux médicaments aux noms très proches et dont seuls les gens de l'Art sont capables de comprendre les subtiles différences ?
Un indice pour trouver quelle est la bonne solution se cache dans la deuxième diapositive de ce diaporama :
"Petit exemple (certainement pas isolé) avec le cas d'un malade dont les propos sont rapportés ici..."
Ah, le fameux témoin anonyme habitant on ne sait où et qui a la bonne idée de narrer sa mésaventure (forcément courante puisque "certainement non isolée") à l'auteur tout aussi anonyme de ce diaporama... Il faut dire que le danger encouru par ces deux courageux lanceurs d'alerte était énorme : se faire ridiculiser sur le forum d'Hoaxbuster !
hoaxbuster
Rédacteur Hoax