Panamza : vidéo amateur falsifiée
Et hop, une "investigation" de plus pour Panamza, le site antisioniste qui monte à la tête des complotistes. Problème, le désigné du doigt ne veut pas laisser dire n'importe quoi...
Le 8 février 2015, le site Panamza publie une "enquête" à charge intitulée : "Attentat à Charlie Hebdo : la vidéo "amateur" était falsifiée". Mis nominativement en cause dans cet article Martin Boudot n'a tout d'abord pas souhaité donner d'importance à ce qu'il considère être "le blog personnel d'un énième théoricien du complot de Charlie". Mais, suite à de nombreuses questions d'internautes, notamment via ses comptes Twitter / Facebook et après avoir constaté que le "blog" en question comptait "plus de 19000 likes", il a décidé qu'il se devait de répondre point par point aux fumeuses preuves portées à la connaissance de ses lecteurs par Hicham Hamza, autoproclamé journaliste indépendant, "s'il est journaliste c'est un confrère. Je peux donc lui répondre sur ce que je pense de son travail et de son professionnalisme." sourit Martin Boudot.
Martin Boudot, c'est qui ?
Martin Boudot est un journaliste d'investigation. Il fait partie des journalistes de Première Ligne qui se sont réfugiés sur le toit de leur immeuble au moment de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo (habillés des fameux gilets pare-balle). Il est celui qui a filmé la scène avec son smartphone avant de l'envoyer aux médias. Témoins du carnage, les journalistes de Première Ligne ont également été les premiers à aller porter secours aux victimes après le départ des frères Kouachi. Sur son CV, de nombreux reportages sur des zones de conflit, notamment auprès des rebelles en Syrie, ou dénonçant des scandales dans le monde entier. Suite à la parution de l'article de Panamza, il trouve pour le moins savoureux qu'un auto-proclamé "confrère" se permette de juger de son honnêteté sans même lui avoir posé la moindre question. Passé en un instant du rôle d'observateur attentif des dérives dominantes à celui d'agent à la solde du pouvoir et jeté en pâture aux fans de Hicham Hamza, il décide de réagir en répondant point par point aux affirmations le concernant dans l'article de Panamza.
Panamza, c'est quoi ?
Panamza est un OVNI rédactionnel dont les articles sont fréquemment repris par les sites "anti-système" en vogue actuellement. Pour comprendre ce qu'est une "information subversive", il faut d'abord trouver à quel moment dans un article le sniper va flinguer le "juif", "Israël", le "sionisme", le "Mossad" ou le "gouvernement" (lui-même à la solde du lobby sioniste) avant de chercher à donner le moindre sens à un article. Les "enquêtes" sont systématiquement à charge et les "investigations" consistent à tordre les faits jusqu'à ce qu'ils aient un angle conforme à l'idéologie "subversive" revendiquée par le site.
Voici ce que Martin Boudot a décidé de demander comme droit de réponse [reproduit ici avec son autorisation] :
Cher Panamza, On m'a dit de ne pas vous répondre. Qu'il ne fallait pas donner d'importance à "des complotistes". Que vous n'en valiez pas la peine. Le problème c'est qu'à force de vous ignorer, on vous renforce dans vos convictions. On valide l'idée selon laquelle nous avons quelque chose à cacher, qu'il y a quelque chose de louche, qu'il y aurait même un complot...
Et puis il y a quand même 19 000 personnes sur Facebook qui croient ce que vous dites, vous le "journaliste indépendant" au-dessus de tout soupçon de manipulation. Alors voici point par point les réponses à vos questions.
Ah oui en fait, puisque vous êtes un si bon enquêteur, je suis un peu surpris que vous n'ayez pas réussi à trouver mes coordonnées téléphoniques, mon adresse mail, mon Facebook ou mon Twitter. C'est dommage, ça vous aurait évité ce moment gênant.
Le titre de l'"enquête" : "Attentat à Charlie Hebdo : la vidéo "amateur" était falsifiée."
C'est vrai que ça envoie. Même pas un conditionnel. L'affaire est conclue. Vous avez enquêté et la République va trembler. Mediapart n'a qu'à bien se tenir. Vous m'accusez donc, sans jamais m'avoir contacté, d'avoir trafiqué ma vidéo... C'est grave comme accusation. Mais rassurez-vous cher Panamza, je vous ferai grâce de vous poursuivre en diffamation, je sais à quel point les temps sont durs pour les complotistes. Il faut bien se démarquer, le secteur est surchargé. Vous êtes déjà pardonné.
Journaliste de l'agence Premières Lignes, Martin Boudot apparaît curieusement (vers 0'33) dans la vidéo qu'il aurait pourtant lui-même filmé -aux alentours de 11h40
Aïe... Ca commence mal... Pour tout vous dire, nous étions deux à filmer. La vidéo dont vous parlez, c'est celle de l'un de mes collègues. C'est lui le premier à avoir envoyé sa vidéo, à I-Télé donc. C'est pour cela qu'on me voit. Pour ma part, j'enverrai ma vidéo au JT de France 2 une heure plus tard. C'est aussi simple que cela. Désolé Panamza.
Sollicité, ensuite par CNN et BFM TV au sujet de son scoop, Boudot a tenu une étrange déclaration sur l'antenne de RMC. Lors de son entretien (réalisé -en direct- le lendemain matin) avec Jean-Jacques Bourdin, le jeune homme, (...) a ainsi affirmé incidemment (à 11'50) qu'"on connaissait bien le responsable de la maintenance" qui fut abattu -en premier- par les terroristes. Problème : l'homme en question -dénommé Frédéric Boisseau et salarié de Sodexo- effectuait là son premier jour dans l'immeuble dans lequel se côtoyaient, depuis l'été dernier, les équipes de Charlie Hebdo et de Premières Lignes
Là vous m'avez eu... En flagrant délit de mensonge ! Beau travail Woodward ! Allez, je vous donne mon explication. Au moment des faits, nous apprenons que "le monsieur de la maintenance a été tué". Aucun nom nous est donné. Pour nous c'est évident, il s'agit du "Monsieur de la maintenance" que nous voyons tous les jours, à l'accueil. Puis nous sommes trimbalés de cellule de crise en cellule de crise, d'hôpital en hôpital, de déposition en déposition. Au moment de l'interview avec RMC, je crois encore qu'il s'agit de la personne de l'accueil que nous voyons tous les jours. Ce n'est que quelques heures plus tard que nous apprendrons qu'il s'agit de Frédéric Boisseau. Permettez-moi une question : quel serait l'intérêt pour nous de mentir sur ce point ? J'ai beau essayé de vous suivre mais à votre avis, on couvre qui exactement en mentant ? Les juifs ? La DGSE ? Sodexo ? Rastapopoulos ?
Depuis le 7 janvier, les images filmées par Boudot et diffusées par l'ensemble des chaînes (y compris étrangères, comme CNN et Sky News) semblaient -au regard de leur aspect flou- avoir été capturées avec un ancien téléphone portable. En réalité, il n'en était rien : le document obtenu par la correspondante parisienne de Vice News révèle, pour la première fois, un format visuel digne des smartphones modernes. D'où cette question : pourquoi les chaînes de télévision ont-elle diffusé une version dégradée du document -pourtant historique- de Boudot ?
J'aime quand vous me posez des questions Panamza. Si seulement vous m'aviez contacté... Ma réponse : dans un premier temps, j'ai envoyé ma vidéo via mail. Du coup, la qualité a été compressée. Entraînes toi chez toi, tu verras que ça le fait aussi. Puis, quelques jours plus tard, nous avons mis à disposition la vidéo en bonne qualité. Vice News fait partie des médias qui l'ont récupéré. CQFD.
Reste à savoir qui est à l'origine de cette altération volontaire de la vidéo : le journaliste Martin Boudot, son agence de presse (Premières Lignes), les chaînes récipiendaires du document ou un mystérieux intermédiaire ? Un fait est acquis : s'il n'existe évidemment pas de "main invisible" capable de commander secrètement tous les organes de la presse écrite et audiovisuelle, une influence contraignante et passée sous silence s'exerce néanmoins dans la plupart des redactions importantes. Elle provient de la DGSE, bastion du contre-espionnage français
Ah nous y voilà ! Je me disais aussi... Alors, Panamza je vous confirme : je n'ai jamais été contacté par la DGSE. Personne ne m'a demandé d'altérer l'image de ma vidéo. Pas la DGSE, ni le Mossad, ni les chinois du FBI. C'est juste une histoire de vidéo compressée par mail. Ça fait moins rêver c'est sûre mais la vérité est parfois aussi simple.
Dans le journal télévisé de David Pujadas, le journaliste Franck Génauzeau, en charge du sujet, a prononcé ainsi (à 10'15) ce commentaire au sujet de la séquence affichée ci-dessous : "Il y a deux hommes sur cette image". C'est faux. En réalité, il y en a quatre : deux terroristes (au milieu de la rue) et, visibles juste au-dessus, deux inconnus -debouts sur une terrasse. (...) Aujourd'hui, il est possible d'affirmer que l'activité et l'identité de ce vidéaste -présent lors de ce moment crucial- ont été délibérément occultées par la presse traditionnelle
Heu... Ok... Oui en effet sur la vidéo, il y a deux ouvriers qui filment également la scène... Je ne vous cache pas que lors d'un attentat, on parle plutôt des hommes qui ont tiré plutôt que de ceux qui les filment... Je ne vous suis pas Panamza, où voulez-vous en venir ?
À ce jour, une seule chose est certaine : la terrasse aux rebords blancs depuis laquelle Janek avait capturé sa vidéo a disparu. Panamza s'est procuré des images -capturées le 24 janvier- de l'état du chantier entamé l'été dernier et visiblement terminé. Surprise, surprise : l'installation qui a permis de filmer confortablement le départ tonitruant des terroristes -ainsi capturé sous le meilleur angle- n'est plus. Ce qui semblait constituer une terrasse a finalement laissé place à un toit gris et dorénavant hermétique
Vous êtes géniaux Panamza. Si je vous suis bien, les deux ouvriers polonais n'étaient en fait pas vraiment ouvriers et en plus la terrasse depuis laquelle ils ont filmé les deux assaillants n'existe plus. J'ai bon ? Vous savez, au lieu de récupérer des images, vous pourriez vous déplacer. Je suis sympa, je viens de le faire pour vous. Je viens de prendre en photo la terrasse. Je ne peux pas poster de photo ici dans les commentaires de Facebook alors je vous l'envoie par mail (oui j'ai trouvé votre adresse mail moi). Merci de la poster dans mon droit de réponse. Vous verrez que la terrasse est toujours là. Rien n'a changé. Absolument rien. Dommage parce que là, même moi j'ai failli y croire Panamza. Le coup de la terrasse qu'on fait disparaitre, fallait y penser.
Pour le reste, je vous laisse à vos propres conclusions et vos certitudes. Je ne répondrai que sur ce qui me concerne directement.
J'espère simplement que ça aidera certains de vos lecteurs à réfléchir. Car si il peut être légitime parfois de se poser des questions sur la version officielle, posez-vous aussi des questions sur ceux qui vous apportent une vérité officieuse, sans rien avoir vérifié. Et rappelez-vous : l'addition de fausses informations ne fait pas une vérité.
Je ne sais pas ce qui me fait le plus peur Panamza : que vous profitiez des peurs pour exister et vendre votre salade ou que vous soyez si persuadé du complot permanent que vous en oubliez les faits.
Et surtout, je sais que c'est dur, mais essayez de contacter les personnes que vous mettez en cause. Peut-être qu'après vous pourrez vous présenter - comme vous le faites sur votre site - comme un "Journaliste indépendant".
Sans rancune. Je vous embrasse.
Votre complotiste préféré.
[Fin reproduction]
hoaxbuster
Rédacteur Hoax