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Environnement
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Pollution venue d'Allemagne ?

Pour les experts en commentaires sur les réseaux sociaux, aucun doute possible, les pics de pollution en France viennent des centrales à charbon allemandes...

Faux Faux
01/01/2017 Par hoaxbuster
Pertinence
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Depuis les épisodes de pics de pollutions que la France a connu en décembre, puis en janvier, la rumeur ne cesse de se répandre : "et voilà comment les allemands nous envoient leur pollution !"

 

 

Sur Twitter c'est un flot ininterrompu d'experts qui viennent témoigner qu'ils connaissent le coupable :

 

 

Pourtant, tout ce petit monde se trompe et véhicule des idées reçues qui n'en finissent plus de grandir dans l'opinion publique à grands renforts du point Histoire pour étayer leurs certitudes malgré les démentis : "Oui, comme pour le nuage de Tchernobyl qui s'est arrêté aux frontières".

 

Quoiqu'en pense les experts en tweets ou statuts facebook, que ce soit d'un point de vue météorologique, cartographique ou des organismes de surveillance, il ne fait absolument aucun doute que les pics de pollution aux microparticules viennent de l'activité industrielle française, additionnée du trafic routier quotidien et des chauffages résidentiels.

 

Explications

 

Météorologique :

 

Dans les deux cas - décembre et janvier - où la France a subit une forte pollution aux particules fines, la météo connaissait une période d'inversion des températures (contrairement à la norme, il fait plus chaud en altitude qu'en basse couche). Ces conditions, bien que peu fréquentes en plaine, n'ont rien d'exceptionnelles et sont observables plusieurs fois par an. Elle surviennent quand une masse d'air froid parvient à se glisser sous une masse d'air plus chaud (le grand classique : la bise amène l'air froid Sibérien jusqu'en France où l'air est habituellement plus chaud).

 

La masse d'air chaud moins dense que la masse d'air froid, s'élève et perd progressivement en température jusqu'au point de condensation (la base des nuages). C'est le principe physique "l'air chaud monte" utilisé par les montgolfières.

 

En période d'inversion, L'air chaud situé en altitude agit comme un couvercle. L'air froid reste "plaqué" au sol. En l'absence de vent (ou de vent trop faible), cette masse d'air froid, ne pouvant ni s'échapper vers le haut, ni se déplacer, va progressivement s'étaler au fur et à mesure que la masse grossit.

 


[source schéma original: sciencelearn.org.nz]

 

Or, c'est très précisément ce qui s'est passé lors des épisodes de pollution de décembre et janvier partout en France (froid sibérien + absence de vent). Peu ou pas de vent au sol et inversion des températures, bingo, la pollution stagne et envahit notre quotidien.

 

 


[Inversion en janvier 2017 -  Pollution stagnante]

 

La pollution due à l'inversion du gradient des températures, c'est la situation que connaît fréquemment la vallée de l'Arve dans la région de Chamonix (difficile d'attribuer la pollution à l'Allemagne pour cette vallée, la plus polluée de France). Située en contrebas d'un encaissement montagneux, la température en journée y est fréquemment plus basse que sur les flancs des montagnes, plus longtemps exposés au soleil.

 

Conséquence, la pollution produite par l'industrie, l'intense trafic routier (trafic lié notamment au tunnel du mont-blanc) et les chauffages d'habitation ne pouvant s'évacuer vers le haut, elle stagne en fond de vallée, au point de causer de graves problèmes de santé publique.

 



[nuage de pollution en vallée d'Arve via Les sentinelles de l'air]

 

Cartographiques :

 

Les cartes, malgré les jérémiades censées prouver que ce sont nos voisins les responsables, parlent également pour une pollution franco-française. Il suffit de visualiser jour après jour les points d'expansion de la pollution en question pour constater implacablement qu'elle part des zones les plus industrielles et où le trafic routier est le plus dense pour s'étaler comme une bouse sur le territoire (en cause, la fameuse inversion des températures, combinée au manque de vent). En ne ciblant que les principales zones les plus polluées (zones les plus foncées sur les cartes) on remarque très vite que nous n'avons pas du tout besoin de l'Allemagne pour nous auto-polluer.

 

A partir du 19 janvier 2017 (cercles = principales zones d'émissions). Le 20 janvier, la France est déjà fortement touchée par l'étalement de sa pollution... l'Allemagne, pas du tout.


 

Animation jour après jour pour l'épisode :

 

Non, le "nuage" ne vient pas d'Allemagne, il s'étale sur toute l'Europe à partir des zones les plus émettrices (les plus industrialisées et ayant la densité démographique la plus élevée). Les cas de Milan et de l'ensemble de la vallée du Rhône sont, à ce titre, particulièrement flagrants. Il suffit de comparer ces cartes à celle des régions industrielles en France pour voir qu'elle se superposent plutôt pas mal.

 


 

Organismes de surveillance :

 

Pour finir, les différents organismes de surveillance de la qualité de l'air sont unanimes. Les deux derniers pics de pollution aux microparticules en France sont directement liés à nos propres activités (principalement particules fines PM10) et n'ont rien à voir avec une potentielle pollution liée au fonctionnements des centrales Allemandes. Pour l'épisode du 19 janvier au 25 janvier, les constats de dépassement des seuils sont sans appel et sont consultables en ligne.

 


[source : Airparif - les différents polluants]

 

Conclusion :

 

S'il ne s'agit pas ici de nier que les centrales à charbon allemandes puissent avoir un rôle dans la pollution du territoire sur l'ensemble de l'année, ce n'est absolument pas le cas dans les deux épisodes sur lesquels les internautes semblent vouloir baser leurs convictions. Vouloir faire croire que ce sont les pays voisins les principaux responsables de nos propres pollutions, c'est ne pas vouloir admettre les faits. En rejetant la faute sur d'autres, nous cherchons juste à nous donner le droit de continuer à nous auto-polluer en blâmant un pays étranger, ni plus, ni moins.

 

Hélas, comme le montre de manière très factuelle la situation en vallée d'Arve (et plus globalement la vallée du Rhône), nul besoin de pointer du doigt d'autres coupables que nos propres industries, besoins en transport et habitudes résidentielles.

 

Heureusement, dans les régions de plaine, tant que la météo ne refait pas le coup de l'inversion sans vent, nous pouvons bien continuer à tout balancer en l'air en persiflant sur les Allemands, ça passera large.

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hoaxbuster
Rédacteur Hoax
mots-clés : Environnement - Rumeur
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